Elliott et Clarence avaient six ans et demi et 5 ans lorsque le père de ce dernier tue Carole, leur mère, car elle veut le quitter, pour ensuite se faire lui même tuer bêtement lors d’un braquage dont il n’était même pas à l’origine. C’est une amie de Carole, inquiète de ne pas avoir de nouvelles après deux jours qui les découvre aux cotés du corps de leur mère qu’ils croyaient endormie.
Les enfants sont envoyés dans un centre, mais suite à une agression, Elliott « Digger » se venge, sans jamais expliquer son l’origine de son geste. Nous sommes en 1964, les services sociaux ne font pas dans la dentelle et ne cherchent pas à comprendre qui est la véritable victime. Ils envoient les deux garçons de centres de redressement en instituts pénitentiaires pour mineurs, ne faisant qu’augmenter leur potentiel agressif. Clarence s’en sort encore pas trop mal, gardant une sorte de morale, mais on sent Elliott au bord du dérapage .
C’est alors qu’un détenu très dangereux, Earl Sheridan, transféré vers le lieu de son exécution se retrouve par hasard enfermé pour une nuit dans l’institut pénitentiaire où se trouve les garçons. Il parvient à tuer son gardien, prendre Elliott et Clarence en otage et finalement s’enfuir. Leur route sera désormais semée de morts plus nombreux à chaque fois.
Les agents du FBI Nixon et Koenig, ainsi qu’un policier de Tucson, Cassidy, se mettent alors en chasse du plus grand serial killer du moment.
J’aime beaucoup Ellory et en général ses romans sont toujours assez noirs. Ici, il met en avant le principe de la « Mauvaise étoile » qui poursuit Clarence dont le nom de famille : Luckman ne pourrait pas être plus mal trouvé. Il utilise énormément le « Si » et ce dès le début de l’histoire. Cela fait froid dans le dos de se rendre compte qu’à chaque fois un choix a mené à ces massacres. Massacres qui auraient pu être évités à plusieurs reprises si les choix des protagonistes avaient été différents. Ellory fait monter la tension, car on sait a chaque fois que le choix d’untel risque de mener au désastre… et inévitablement on y va, et nous lecteurs ne pouvons rien empêcher.
Earl Sheridan est diabolique ; il est véritablement le Diable incarné. Il tue pour tuer, parce qu’ainsi il se sent vivant, plus vivant que jamais. Il entraîne Digger dans sa folie meurtrière, mais l’élève fini par dépasser le maître. On peut se dire que le passé de Digger explique sa dérive, mais pourtant son frère tente de s’en sortir et n’a pas ce côté destructeur en lui. Par contre, il est poursuivi par une malchance incroyable (tout de même bien aidé par le machiavélisme de Earl)
Le FBI patauge complètement (la police scientifique n’est pas encore celle d’aujourd’hui). Au départ ils ne se rendent pas compte de ce qui se joue. Mais quand enfin ils comprennent, ils devinent que ce serial killer n’a pas de profil type et il est très difficile pour eux de « prévoir » où il va aller, et quelle genre de victime il va tuer… car en effet lui même ne le sait pas…
J’ai mis vraiment très longtemps à lire ce livre, non pas parce que je ne l’ai pas aimé (au contraire), mais parce qu’il est très pesant. On sait qu’on court à la catastrophe et on se demande comment cela va finir. Est ce que quelqu’un va enfin arrêter ce fou dangereux? Il fait peur parce qu’il n’y a pas de logique dans le choix de ses victimes et dès qu’on rencontre quelqu’un on devine qu’il y a peu de chance qu’il s’en sorte vivant. Il fait peur parce qu’on pourrait bien croiser un taré dans le genre en allant chercher son pain.
En tout cas c’est vraiment très bien fait, le suspense m’a noué, voir plombé (léger euphémisme) l’estomac comme rarement un thriller a su le faire. Le plus terrible ce sont les « si » il n’avait pas fait cela, « si » elle avait fait ceci » qu’Ellory a disséminé partout au cours du récit et qui nous permettent d’imaginer un tout autre dénouement pour les victimes. Le pire, c’est qu’on ne peut même pas dire qu’elles ont fait un choix mauvais, non parfois ça se résume à un mot prononcé, un rire entendu, un changement de programme de dernière minute…
Un thriller qui va loin dans l’horreur et qui nous tient en apnée, nous dérange, voir nous fait suffoquer (j’ai du le poser à plusieurs reprises et lire du très léger en parallèle, moi qui déteste lire plusieurs livres à la fois). C’est un livre qui m’a un peu rappelé l’ambiance de « Au delà du Mal » de Shane Stevens.
Âmes sensibles s’abstenir….
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