En ce matin du 3 mai 1977, Lydia est en retard pour le petit déjeuner et ce n’est pas habituel. Sa mère découvre qu’elle n’est pas dans sa chambre, son lit n’est même pas défait. Lydia est morte…mais ça ils ne le savent pas encore. L’angoisse monte au fur et à mesure du temps qui passe : fugue, enlèvement, pire ?
Lorsque la nouvelle tombe, tout s’écroule évidemment pour ses parents, son frère et sa soeur. Que s’est-il passé ? Alors que l’enquête démarre et que les premières conclusions arrivent, le joli vernis si lisse de la famille Lee se craquelle… et on découvre des personnalités bien seules malgré les apparences…
La mort de Lydia est le point de départ de ce roman, mais nous n’allons pas suivre l’enquête menée par la police, mais la personnalité et la psychologie de tous les membres de la famille, et c’est ce qui fait toute l’originalité de se livre. Il ne s’agit pas d’un polar, mais plutôt d’une intrigue psychologique.
Marilyn et James forment un couple mixte à une époque où c’était loin d’être commun. James est chinois, il a toujours été un peu à l’écart, le seul oriental ici et là, et malgré le fait qu’il ait pu faire ses études dans une bonne école où ses parents travaillaient, il n’a jamais pu véritablement s’intégrer. Sa différence, il fera tout pour la gommer et devenir plus américain que les américains et surtout se fondre dans la masse. Professeur à l’université, il se spécialise dans les Cowboys, thème hautement symbolique pour lui.
Marilyn a grandi avec sa mère, son père les ayant laissé tomber. Très douée en classe, elle ambitionne d’être médecin, pas seulement infirmière, non, médecin. Hors de question d’être la parfaite femme au foyer comme sa mère. Malgré le fait qu’elle soit la seule étudiante au milieu des hommes (qui ne la prennent pas au sérieux d’ailleurs), elle travaille d’arrache pied pour y arriver.
La rencontre entre ces deux là bouleversera leurs ambitions et malgré une forte désapprobation générale, ils se marient très jeunes et le premier enfant arrive. L’amour est plus fort après tout.
Leurs enfants, métisses, subissent eux aussi les moqueries. Marilyn fait un transfert sur Lydia, qu’elle puisse réussir par elle même sans dépendre d’un homme. Elle est très exigeante avec elle et lui porte une attention démesurée. Elle est aussi la préférée de James car avec ses yeux clairs, elle est celle qui lui ressemble le moins. Nath, lui est brillant. Fasciné par l’astronomie, il étudie tout ce qu’il trouve sur le sujet…mais cela ne semble intéresser personne car c’est considéré comme normal qu’un garçon, l’aîné, réussisse.. Et puis Hannah… la petite dernière qui semble invisible tant toutes les attentions sont reportées sur Lydia..
Beaucoup de non-dits, d’incompréhensions et de malentendus jalonnent ce roman. Céleste Ng aborde de très nombreux sujets avec beaucoup de finesse . Elle passe beaucoup de temps à nous présenter ses personnages, c’est complexe mais nécessaire pour comprendre la suite, comprendre ce qu’est cette famille au jour de la disparition de Lydia. On passe du passé au présent et ainsi on se rend compte de ce que les actes ou paroles (ou plutôt non-dits ici) ont eu comme conséquences sur la personnalité de chacun et l’entité de la famille.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman , il n’est pas très long mais j’ai trouvé ça intense, non dans l’action car il ne se passe pas beaucoup de choses finalement, mais dans la complexité des personnages. Comment à la fois être soi, avec ses propres envies et ambitions sans décevoir ceux qui mettent tant d’espoirs en vous. Comment vivre sa personnalité, comment assumer ses choix sans que tout ne vous éclate à la figure un jour ou l’autre…
Un très bon premier roman et un auteur à suivre !