Tout ce qu’on ne s’est jamais dit – Celeste Ng

 

 

 

En ce matin du 3 mai 1977, Lydia est en retard pour le petit déjeuner et ce n’est pas habituel. Sa mère découvre qu’elle n’est pas dans sa chambre, son lit n’est même pas défait. Lydia est morte…mais ça ils ne le savent pas encore. L’angoisse monte au fur et à mesure du temps qui passe : fugue, enlèvement, pire ?

Lorsque la nouvelle tombe, tout s’écroule évidemment pour ses parents, son frère et sa soeur. Que s’est-il passé ? Alors que l’enquête démarre et que les premières conclusions arrivent, le joli vernis si lisse de la famille Lee se craquelle… et on découvre des personnalités bien seules malgré les apparences…

 

 

 

La mort de Lydia est le point de départ de ce roman, mais nous n’allons pas suivre l’enquête menée par la police, mais la personnalité et la psychologie de tous les membres de la famille, et c’est ce qui  fait toute l’originalité de se livre. Il ne s’agit pas d’un polar, mais plutôt d’une intrigue psychologique.

Marilyn et James forment un couple mixte à une époque où c’était loin d’être commun. James est chinois,  il a toujours été un peu à l’écart, le seul oriental ici et là, et malgré le fait qu’il ait pu faire ses études dans une bonne école où ses parents travaillaient, il n’a jamais pu véritablement s’intégrer. Sa différence, il fera tout pour la gommer et devenir plus américain que les américains et surtout se fondre dans la masse. Professeur à l’université, il se spécialise dans les Cowboys, thème hautement symbolique pour lui.

Marilyn a grandi avec sa mère, son père les ayant laissé tomber. Très douée en classe, elle ambitionne d’être médecin, pas seulement infirmière, non, médecin. Hors de question d’être la parfaite femme au foyer comme sa mère. Malgré le fait qu’elle soit la seule étudiante au milieu des hommes (qui ne la prennent pas au sérieux d’ailleurs), elle travaille d’arrache pied pour y arriver.

La rencontre entre ces deux là bouleversera leurs ambitions et malgré une forte désapprobation générale, ils se marient très jeunes et le premier enfant arrive. L’amour est plus fort après tout.

Leurs enfants, métisses, subissent eux aussi les moqueries. Marilyn fait un transfert sur Lydia, qu’elle puisse réussir  par elle même sans dépendre d’un homme. Elle est très exigeante avec elle et lui porte une attention démesurée. Elle est aussi la préférée  de James car avec ses yeux clairs, elle est celle qui lui ressemble le moins. Nath, lui est brillant. Fasciné par l’astronomie, il étudie tout ce qu’il trouve sur le sujet…mais cela ne semble intéresser personne car c’est considéré comme normal qu’un garçon, l’aîné, réussisse.. Et puis Hannah… la petite dernière qui semble invisible tant toutes les attentions sont reportées sur Lydia..

 

Beaucoup de non-dits, d’incompréhensions et de malentendus jalonnent ce roman. Céleste Ng aborde de très nombreux sujets avec beaucoup de finesse . Elle passe beaucoup de temps à nous présenter ses personnages, c’est complexe mais nécessaire pour comprendre la suite, comprendre ce qu’est cette famille au jour de la disparition de Lydia. On passe du passé au présent et ainsi on se rend compte de ce que les actes ou paroles (ou plutôt non-dits ici) ont eu comme conséquences sur la personnalité de chacun et l’entité de la famille.

 

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman , il n’est pas très long mais j’ai trouvé ça intense, non dans l’action car il ne se passe pas beaucoup de choses finalement, mais dans la complexité des personnages. Comment à la fois être soi, avec ses propres envies et ambitions sans décevoir ceux qui mettent tant d’espoirs en vous. Comment vivre sa personnalité, comment assumer ses choix sans que tout ne vous éclate à la figure un jour ou l’autre…

Un très bon premier roman et un auteur à suivre !

 

 

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La fille du train – Paula Hawkins

Sonatine - 378 pages

Sonatine – 378 pages

 

Tous les jours Rachel prend le train de 8h04 pour se rendre à Londres et le 17h56 pour rentrer. A chaque fois le train marque un arrêt qui lui permet de voir quelques maisons en contrebas. Dans l’une d’elle, Rachel observe un couple qu’elle prénomme « Jess et Jason »et lui invente une vie…la vie rêvée qu’elle a raté en quelque sorte. En effet elle habitait avec son mari dans une maison voisine, mais depuis, il l’a quitté et refait sa vie. Et depuis deux ans elle « surnage », vivant en collocation et abusant de l’alcool . Un jour elle observe un événement particulier et apprend peu après que la jeune femme en question a disparue…Elle ne peut rester indifférente…

 

Je n’ai pas pu échapper au buzz qu’a fait ce livre, on le voyait partout, donc vous me connaissez maintenant qui dit buzz dit méfiance. En même temps quelque chose m’attirait vraiment dans cette histoire, alors je n’ai lu aucun avis, aucun article dessus avant de m’y plonger, et sans attendre 3 ans pour une fois !!!!

 

Rachel n’a vraiment rien pour elle. Larguée deux ans plus tôt par son mari, elle est plutôt pathétique : elle l’appelle régulièrement (très, trop), elle boit plus que de raison, et trahit régulièrement la confiance que lui porte sa colocataire, seule à encore bien vouloir l’aider.

Lorsque elle apprend la disparition de « Jess », alias Megan, a qui elle avait inventé une jolie vie, elle va parler à la police pour leur signaler ce qu’elle a vu…sauf qu’elle n’a rien du témoin fiable. On peine à la croire et elle ne met pas tous les atouts de son côté. C’est d’ailleurs un aspect de sa personnalité assez agaçant. On comprend bien le terrible fléau qu’est l’addiction à l’alcool, mais on a quand même envie de lui donner deux trois claques pour qu’elle sorte de cette spirale destructrice. Quand elle décide d’enquêter de son côté, le lecteur avance et recule avec elle au gré de ses souvenirs alcoolisés ou même parfois totalement absents.

Heureusement, nous ne nous appuyons pas uniquement sur Rachel pour découvrir la vérité. L’auteur utilise plusieurs narratrices : Rachel donc, mais aussi Megan la disparue et Anna la nouvelle femme de son ex . Je vous avoue que j’adore ce genre de construction, les chapitres se divisent entre les narratrices, on va et vient dans le temps… Entre l’esprit embrumé de Rachel et les autres points de vue, on tente de trouver la vérité mais rien n’est si simple. On doute de tout le monde et plusieurs scénarios se mettent en place mais sont démolis les uns après les autres.

 

J’ai vraiment bien aimé ce roman; le fait qu’il y ait plusieurs narrateurs donne un rythme intéressant. C’est plutôt un bon polar psychologique mais n’est cependant pas un coup de coeur car je n’ai pas réussi à ressentir assez d’empathie envers Rachel…

 

Catégorie Voyage

Catégorie Voyage

Papillon de Nuit – R.J.Ellory

 

1982, Daniel attend son exécution dans le couloir de la mort. Son crime : avoir tué son ami Nathan  20 ans plus tôt. Alors que le jour de l’exécution approche, un prêtre vient lui rendre visite et lui propose de recueillir sa dernière confession. Daniel se lance alors dans l’histoire de sa vie, son adolescence en Caroline du Sud, son amitié indéfectible pour Nathan un jeune homme noir dans un Etat assez raciste en pleine ségrégation, leur fuite pour échapper à la conscription alors que la guerre du Vietnam fait rage, l’évolution des deux jeunes hommes dans cette Amérique trouble des sixties.

Petit à petit la trame du drame se met en place mais tout n’est pas aussi simple qu’il n’y parait…

 

 

Ellory est un auteur de j’aime beaucoup et je lis ses livres au compte-gouttes pour faire durer le plaisir. Cet été j’ai eu le plaisir de découvrir son premier opus sorti dans la toute nouvelle collection Sonatine +. Un format semi-poche que j’aime énormément : taille impeccable et grande souplesse de l’objet pour une bonne prise en main de ce petit pavé.

 

Dans ce roman nous retrouvons Daniel Ford alors qu’il passe ses derniers moments dans le couloir de la mort. Il s’y trouve déjà depuis plusieurs années pour le meurtre de son ami Nathan. Il raconte une dernière fois sa vie à John Rousseau, un prêtre venu recueillir ses dernières confessions. Par un système de flashbacks très bien réussis, Ellory nous emmène dans les années 60 puis revient en 1982 avec un talent qu’il maîtrise parfaitement.

Daniel, petit garçon blanc et Nathan, petit garçon noir, ont forgé leur amitié autour d’un sandwich au jambon quand ils avaient 6 ans. Ils ont ensuite grandi ensemble dans la petite ville du sud des Etats-Unis. Adolescents sont confrontés à la montée du racisme, la ségrégation, le Ku Klux Klan et surtout la peur de recevoir la lettre maudite qui les enverrait au Vietnam.

On découvre un Nathan un peu dominateur, et Daniel d’une loyauté sans faille, mais on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi il le suit de cette façon, comme si son propre jugement et son libre arbitre passait après son amitié.

Et puis vient le drame, Daniel est arrêté pour le meurtre de Nathan. Mais que c’est-il passé, pourquoi ? Daniel raconte en détails les événements, on découvre alors comment il en est arrivé là.

A travers ce récit on plonge directement dans cette période finalement assez trouble. On découvre aussi un certain milieu carcéral où se côtoient non seulement des criminels de tous bords mais aussi des gardiens plus ou moins professionnels. Certains extrêmement bienveillants, d’autres horriblement sadiques.

 

Encore une fois j’ai été par conquise par Ellory. J’ai adoré ce roman qui nous met dans la position de témoins des confessions de Daniel; à la fois de ce qu’il dit à John Rousseau, de ce qu’il ne lui dit pas aussi et enfin de cet univers carcéral que l’auteur connait plutôt bien pour y avoir passé quelques années. On retrouve dans ce premier roman le talent déjà bien présent de l’auteur et on découvre à quel point Ellory était prometteur. Si vous connaissez ses romans qui ont suivi vous comprendrez mon enthousiasme, sinon je vous invite fortement à les découvrir.

 

http://deslivresdeslivres.wordpress.com/2014/06/05/challenge-1-pave-par-mois/

 

 

 

 

 

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Mort mystérieuse d’un respectable banquier anglais dans la bibliothèque d’un manoir Tudor du Sussex – L.C. Tyler

 

 

 

C’est dans une petite ville du Sussex que nous retrouvons Ethelred Tressider, romancier multi-genres au multiples pseudos, et son agent littéraire détonante Elsie Thrikettle. Invités à dîner chez Sir Robert Muntham, ami d’enfance d’Ethelred qui a plutôt très bien réussi financièrement, ils se retrouvent malgré eux au centre d’une partie de Cluedo grandeur nature : Sir Robert est retrouvé mort dans la bibliothèque, étranglé, pourtant la porte était fermée de l’intérieur….

La police conclue assez vite à un suicide, thèse à laquelle la femme de Sir Robert refuse de croire. Elle utilise tout le charme dont elle dispose pour demander à Ethelred de l’aider à prouver qu’il a été tué. Voilà nos deux enquêteurs du dimanche sur l’affaire : qui des convives ou du personnel présents peut bien être le coupable ???

 

Je connais désormais bien le « couple » Ethelred – Elsie et j’avoue avoir pris un certain plaisir à les retrouver. Il faut dire qu’il n’ont rien de classique. Ethelred en a un peu assez d’écrire ses policiers et romances de seconde zone et s’attache à un projet plus sérieux. Au grand dam d’Elsie qui n’a toujours aucune affinité particulière avec la littérature si ce n’est qu’elle doit être populaire pour bien se vendre et donc lui rapporter de l’argent.

Invités chez Sir Robert pour un dîner, ils ne s’attendent pas à passer ce genre de soirée. L’ensemble des convives est plutôt étonnant et la soirée se termine par un drame : Sir Robert est retrouvé mort.

C’est là que la référence au Cluedo prend tout son sens, d’abord nous avons le Manoir qui parait assez similaire au jeu, ensuite le lieu du drame : la bibliothèque, et puis l’instrument du crime : une cordelette…. Evidemment la bibliothèque était hermétiquement close, évidement presque tous avait un mobile même si la police conclue à un suicide. La veuve demande à nos deux héros de l’aide (car « spécialistes » du sujet !!!) et bien entendu Ethelred ne peux résister à son charme. Quant à Elsie, elle ne peut de toutes façon pas s’empêcher de mettre son nez partout.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman, comme les deux précédents d’ailleurs (voir ici et ici). C’est une véritable enquête, avec des protagonistes particulièrement loufoques mais pourtant crédibles et attachants. Et même si encore une fois le dénouement ne surprend pas vraiment, on passe un bon moment avec ces deux là. J’espère vraiment les retrouver dans de nouvelles aventures.

 

Catégorie Mort - Ligne 2

Catégorie Mort – Ligne 2

Passé imparfait – Julian Fellowes

 

 

Ce n’est pas sans surprise que notre narrateur, auteur connu, reçoit une lettre de Damian Baxter qu’il n’a pas vu depuis près de 40 ans après une soirée mémorable au Portugal, d’où ils se sont quittés fâchés. Malgré cela, l’invitation l’intrigue et la curiosité est la plus forte. Il se rend donc chez lui et découvre un homme immensément riche, mais terriblement seul et surtout malade…Ses jours sont comptés et il n’a pas d’héritier. Il lui demande de l’aider à retrouver l’auteur d’une lettre non signée lui signifiant sa paternité, et qu’il suppose être une de leurs connaissances communes de l’époque .

Malgré de grandes réticences, et surtout une rancoeur encore présente, il se lance tout de même dans cette recherche. Elles sont 6 à pouvoir être celle qu’il cherche, 6  jeunes filles de leur cercle d’amis qu’il n’a pas revu depuis l’époque pour certaines, ou seulement de temps à autre pour d’autres.

Sa quête nous ramène à la fin des années 60, où les aristocrates perdent un peu de leur superbe et de leur influence face à une jeunesse qui rêve de liberté et de non conformisme.

 

Mis à part le fait que j’aime toujours autant les romans britanniques, surtout lorsqu’ils sont bien ancrés dans un milieu et une époque,  j’avoue qu’ici  j’ai d’abord cédé à l’appel de la couverture, ou plutôt du bandeau : « Par le créateur de Downton Abbey ». Et c’est d’autant plus fort que je n’ai pas vu cette série (ne cherchez pas à comprendre, il n’y a rien d’objectif là dedans 😉  )

Bref, beaucoup de points positifs, et vu que l’auteur vient du milieu qu’il décrit, mieux il a l’âge du narrateur, la crédibilité n’en est que renforcée. D’ailleurs certains passages sont largement inspirés de ses souvenirs de sa propre Saison 68.

Et je me suis lancée dans ce pavé…et je l’ai lu en 3 jours !!!!!! J’ai adoré.

 

Le roman débute par cette invitation plus que surprenante . Notre narrateur n’a pas revu Damian Baxter depuis plus de 40 ans et on apprend très vite qu’il le déteste. Bien sur il nous faudra attendre le dénouement pour comprendre. Cet appel l’intrigue et il décide d’y répondre. Qu’est devenu le jeune Damian Baxter, qui issu d’un milieu plus populaire, a tout fait pour s’introduire dans la « bonne » société anglaises de la fin des années soixante et surtout de s’y faire accepter .  Aujourd’hui il a réussi financièrement, mais loin de tout ça : il est immensément riche et vit dans un manoir magnifique de la campagne anglaise. Mais il est aussi totalement seul et gravement malade.

On découvre qu’il a reçu une vingtaine d’années plus tôt, une lettre signée « le dindon de la farce », lui laissant entendre qu’il aurait un enfant. Il demande son aide à notre narrateur car lui seul peut l’aider. En effet c’est lui qui a présenté Damian à tout ce cercle d’amis lors de la Saison 68, la mère de l’enfant est forcément l’une de leurs amies communes de l’époque…

Notre narrateur part donc à la recherche des 6 femmes qui pourraient être l’auteur de cette lettre. Il est resté en contact avec certaines d’entres elles, mais finalement peu, après cette fameuse soirée au Portugal où tout à basculé. Par ce moyen nous découvrons les jeune femme d’alors mais aussi ce qu’elles sont devenues… Nous rencontrons également le jeune Damian Baxter, ses efforts pour se faire accepter face à un milieu un peu sclérosé qui vous ferme les portes pour un « Cher monsieur » au lieu d’un « Sir ».

C’est également le récit d’une époque, d’un milieu qui perd de son influence.  Toutes ces jeunes femmes à priori de bonne éducation, ont toutes cédées à Damian…on sent qu’elles étouffent un peu . D’ailleurs leur évolution à toutes est plutôt surprenante et elles ont toutes eu un enfant très jeune, dont l’un d’entre eux pourrait être celui de Damian.

Cette quête de l’héritier est également pour notre narrateur une façon de revenir sur son passé, de faire sa propre introspection. C’est assez émouvant et parfois même assez dur . On ne revient pas impunément sur son passé, il y a quelques surprises, quelques déceptions…

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman. D’abord on sent que l’auteur maîtrise son sujet. Il a fait partie de cette génération, donc non seulement il la connaît bien, mais en plus il peut avoir un regard critique dessus. Alors c’est parfois assez drôle, caustique aussi . Il se moque de certain,  dont son narrateur. Mais c’est aussi un nostalgique d’une époque et d’un milieu…

 

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L’Oubli – Emma Healey

 

Maud oublie beaucoup de choses et note tout sur des petits papiers. Elle trouve régulièrement un mot écrit de sa main : « Elizabeth a disparu. » Mais elle ne se rappelle pas l’avoir écrit, et pourquoi personne ne s’inquiète ? Un peu perdue dans son quotidien, se sont ses souvenirs d’enfance qui remontent à la surface et la disparition de sa soeur, affaire jamais élucidée mais dont l’issue fatale ne fait pas de doute. Alors qu’elle ne reconnaît plus les gens qui l’entoure, des souvenirs très vivaces apparaissent et elle arrive à comprendre ce qui s’est passé alors et qui en est responsable.  Petit à petit le passé prend la place du présent…

 

 

Voici un roman très fort, que j’ai beaucoup apprécié. La perte de la mémoire et la maladie d’Alzeihmer puisque c’est bien d’elle dont il s’agit, me font très peur. Maud est très attachante. Veuve, elle vit toujours chez elle grâce à une aide à domicile et aux visites quotidiennes de sa fille Helen.  Au départ on se rend pas tout à fait compte de l’ampleur de la maladie, mais elle évolue au fil des pages et ça fait vraiment mal au coeur. Helen fait de son mieux pour l’aider mais on sent bien que c’est très dur pour elle (évidemment). Pourtant elle ne lâche rien et est très présente.

Très vite on se retrouve avec deux « énigmes » : la disparition de son amie Elizabeth, et celle plus ancienne de sa soeur Soukie quand elle était adolescente. La mémoire ancienne est vraiment très bonne et détaillée, et quand elle se concentre sur le sujet, elle parvient à mener une sorte d’enquête afin de comprendre ce qui est arrivé. Par contre sa mémoire actuelle part en lambeaux. Elle parvient à se souvenir des choses grâce à des petits papiers où elle écrit toute sorte de choses. Le problème c’est qu’elle en écrit une quantité incroyable, qu’elle ne les jette pas et que finalement tout se mélange.

Le lecteur suit donc ces deux énigmes en parallèle et il faut faire un peu le tri dans les souvenirs de Maud. Y a t’il conspiration, pourquoi personne ne la croit ?

Ce qui est très fort, c’est qu’on est dans la tête de Maud, donc on est aussi impliqué qu’elle dans ses recherches, aussi perdu quand elle ne reconnaît pas les gens ou qu’elle se demande ce qu’elle peut bien faire là. Emma Healey distille des informations pour le lecteur ici ou là et on se rend compte alors de certaines choses. Ça m’a vraiment beaucoup touché, voir perturbé. J’ai eu de la peine pour Maud, mais aussi pour Helen bien sur et c’est avec le coeur gros que je les ai laissé derrière moi quand j’ai refermé ce livre.

 

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Challenge Thrillers et Polars 2014-2015

Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire – L.C. Tyler

 

 

Lorsque nous avions quitté Ethelred Tressider dans « Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage », il était en pleine crise de la quarantaine et venait de tout abandonner, laissant les clés de son appartement à son agent littéraire quelque peu spéciale Elsie Thirkettle (était ce vraiment une bonne idée ?). Grâce un procédé pour le moins déloyal, elle le retrouve finalement en France, dans un petit hôtel où elle file le chercher.

Alors qu’ils s’apprêtent à quitter l’hôtel, un client venu pour une foire aux timbres est retrouvé assassiné. Les voilà coincés, assignés à résidence en attendant que l’enquête donne ses premières conclusions. Hors nous savons bien que la patience n’est pas leur fort et qu’Elsie aime mettre son nez partout…surtout quand un deuxième cadavre puis un troisième viennent corser un peu l’histoire !

 

C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé ces deux là. J’ai eu un peu peur au départ en apprenant le décès de Tressider, mais ce n’était qu’un coup machiavélique d’Elsie. Cette dernière n’a en effet rien trouvé de mieux que de le faire passer pour mort notamment auprès de sa banque pour le faire sortir de sa cachette. Suite à une déconvenue amoureuse, il s’était planqué dans « un hôtel miteux de bords de Loire », c’est donc là qu’elle vient le chercher. Mais elle n’imaginait pas une seconde ce qui allait se passer :  ils s’y retrouvent coincés à la fin d’une foire aux timbres pour cause de cadavres qui s’accumulent. Elsie, toujours aussi (gentiment) cinglée,  veut se mêler de tout et encore une fois…ça n’aide pas vraiment, ils finissent assez rapidement parmi les suspects !!

J’aime assez le principe de huis-clos, mais ici loin d’être pesant, il est plutôt burlesque. Le sommet étant la confrontation des suspects organisé par Elsie, un grand moment.

Bon encore une fois je trouve que la comparaison avec Agatha Christie est un peu exagérée, mais l’histoire est plutôt pas mal et le « couple » formé par ces deux énergumènes vaut le détour.  Je les adore, je l’avoue, même si encore une fois la fin ne me parait pas tout à fait à la hauteur du reste du récit. Mais peu importe, au moins j’ai eu le sourire (et souvent plus) tout au long de ma lecture. Et c’est sans surprise que je vous fait part de mon intention de lire le prochain opus au nom tout aussi alambiqué : Mort mystérieuse d’un respectable lord anglais dans la bibliothèque d’un manoir Tudor du Sussex. Tout un programme !!!

 

http://passion-livre.over-blog.com/article-challenge-god-save-the-livre-recap-mai-2014-123821426.html

http://ennalit.canalblog.com/archives/2014/04/01/28556374.html

Catégorie Bâtiment

 

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Nobody – Dan Wells

 

 

 

Après « Je ne suis pas un serial killer » et « Mr.Monster », voici la suite et fin de la trilogie de John Wayne Cleaver. Comme d’habitude, attention,  ma chronique dévoile les précédents tomes.

 

L’été a été plutôt calme à Clayton, à part le suicide d’une adolescente, rien de particulièrement remarquable. Pourtant John sait que ce n’est qu’une question de temps avant que des meurtres ne recommencent. Pourquoi le sait il ? Parce que c’est lui qui a provoqué Nobody et il l’attend de pied ferme.

Enfin les premiers meurtres… Cette fois John va pouvoir l’affronter personnellement et l’éliminer…enfin il l’espère.

 

 

Pour vous replacer le personnage, John à 16 ans et vit avec sa mère, thanatopracteur, dans la petite ville de Clayton.Il est totalement sociopathe et absolument fasciné par les serial killers. Comme on l’a vu dans les tomes précédents, cela ne fait pas bon ménage et si John réussissait au départ à canaliser le monstre en lui en aidant sa mère au funérarium et en se faisant des listes lui permettant d’apparaître le plus « normal possible », l’arrivée de démons dans la ville a ruiné tous ses efforts. En effet, comment présenter le fait que son voisin, un petit vieux sans histoire…est en fait le serial killer que toute la ville craint,  un démon qui se régénère en « empruntant » des corps ou des membres de ses victimes, sans passer pour un cinglé.

Et comment réagir quand le serial killer qu’il a lui même tué, parait se rematérialiser ? Comment encore une fois être crédible alors que l’agent du FBI en charge de l’enquête est en fait lui aussi un démon qui tue et compte bien mettre tout cela sur son dos…..

Une seule solution pour John : agir seul

Prochaine étape : La provocation

Mais ces démons ne sont pas la « seule » préoccupation de John. D’abord il y a Mr.Monster qu’il faut canaliser et ce soudain intérêt pour les filles qu’il faut apprendre à accepter…

 

J’avais bien aimé les précédents tomes. Passée ma surprise première de découvrir  le mélange thriller/fantastique, le personnage de John Wayne Cleaver, son humour (très noir), sa personnalité hors du commun m’avaient vraiment plu. Apprécier un sociopathe, serial killer en puissance ça peut étonner, mais que voulez vous, il est quelque part très attachant.

Dans ce dernier tome, j’étais sur mes gardes et autant vous dire que ces suicides non expliqués étaient pour moi plus que suspects. Arrive ensuite une nouvelle série de meurtre, avec mise en scène bien glauque ( Je ne sais pas pour vous mais, je pense que si j’avais habité Clayton, j’aurais quitté la ville, et même l’Etat depuis longtemps…) On entre dans le vif du sujet, après un début un peu lent, les événements s’enchainent et le final est plutôt réussi.

 

Alors pour conclure, je dirais que c’est typiquement une trilogie « qui passe ou qui casse ». J’ai plutôt bien aimé à partir du moment où  j’ai accepté le fantastique. Par contre je reste persuadée que le personnage de John aurait été tout aussi intéressant, voir même plus, sans tous ces démons. On en aurait peut être pas fait une trilogie car trois différents serial killers en si peu de temps sur une ville paumée du Dakota, ça n’aurait pas marché. Mais on pouvait faire au moins un très bon volume 😉

 

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Mauvaise étoile – R.J . Ellory

 

 

Elliott et Clarence avaient six ans et demi et 5 ans lorsque le père de ce dernier tue Carole, leur mère, car elle veut le quitter, pour ensuite se faire lui même tuer bêtement lors d’un braquage dont il n’était même pas à l’origine. C’est une amie de Carole, inquiète de ne pas avoir de nouvelles après deux jours qui les découvre aux cotés du corps de leur mère qu’ils croyaient endormie.

Les enfants sont envoyés dans un centre, mais suite à une agression, Elliott « Digger » se venge, sans jamais expliquer son l’origine de son geste. Nous sommes en 1964, les services sociaux ne font pas dans la dentelle et ne cherchent pas à comprendre qui est la véritable victime. Ils envoient les deux garçons de centres de redressement en instituts pénitentiaires pour mineurs, ne faisant qu’augmenter leur potentiel agressif. Clarence s’en sort encore pas trop mal, gardant une sorte de morale, mais on sent Elliott au bord du dérapage .

C’est alors qu’un détenu très dangereux, Earl Sheridan, transféré vers le lieu de son exécution se retrouve par hasard enfermé pour une nuit dans l’institut pénitentiaire où se trouve les garçons. Il parvient  à tuer son gardien, prendre Elliott et Clarence en otage et finalement s’enfuir. Leur route sera désormais semée de morts plus nombreux à chaque fois.

Les agents du FBI Nixon et Koenig, ainsi qu’un policier de Tucson, Cassidy,  se mettent alors en chasse du plus grand serial killer du moment.

 

 

J’aime beaucoup Ellory et en général ses romans sont toujours assez noirs. Ici, il met en avant le principe de la « Mauvaise étoile » qui poursuit Clarence dont le nom de famille : Luckman ne pourrait pas être plus mal trouvé. Il utilise énormément le « Si » et ce dès le début de l’histoire. Cela fait froid dans le dos de se rendre compte qu’à chaque fois un choix a mené à ces massacres. Massacres qui auraient pu être évités à plusieurs reprises si les choix des protagonistes avaient été différents. Ellory fait monter la tension, car on sait a chaque fois que le choix d’untel risque de  mener au désastre… et inévitablement  on y va, et nous lecteurs ne pouvons rien empêcher.

Earl Sheridan est diabolique ; il est véritablement le Diable incarné. Il tue pour tuer, parce qu’ainsi il se sent vivant, plus vivant que jamais. Il entraîne Digger dans sa folie meurtrière, mais l’élève fini par dépasser le maître. On peut se dire que le passé de Digger explique sa dérive, mais pourtant son frère tente de s’en sortir et n’a pas ce côté destructeur en lui. Par contre, il est poursuivi par une malchance incroyable (tout de même bien aidé par le machiavélisme de Earl)

Le FBI patauge complètement (la police scientifique n’est pas encore celle d’aujourd’hui). Au départ ils ne se rendent pas compte de ce qui se joue. Mais quand enfin ils comprennent, ils devinent que ce serial killer n’a pas de profil type et il est très difficile pour eux de « prévoir » où il va aller, et quelle genre de victime il va tuer… car en effet lui même ne le sait pas…

J’ai mis vraiment très longtemps à lire ce livre, non pas parce que je ne l’ai pas aimé (au contraire), mais parce qu’il est très pesant. On sait qu’on court à la catastrophe et on se demande comment cela va finir. Est ce que quelqu’un va enfin arrêter ce fou dangereux? Il fait peur parce qu’il n’y a pas de logique dans le choix de ses victimes et dès qu’on rencontre quelqu’un on devine qu’il y a peu de chance qu’il s’en sorte vivant. Il fait peur parce qu’on pourrait bien croiser un taré dans le genre en allant chercher son pain.

En tout cas c’est vraiment très bien fait, le suspense m’a noué, voir plombé (léger euphémisme) l’estomac comme rarement un thriller a su le faire. Le plus terrible ce sont les « si » il n’avait pas fait cela, « si » elle avait fait ceci » qu’Ellory  a disséminé partout au cours du récit et qui nous permettent  d’imaginer un tout autre dénouement pour les victimes. Le pire, c’est qu’on ne peut même pas dire qu’elles ont fait un choix mauvais, non parfois ça se résume à un mot prononcé, un rire entendu, un changement de programme de dernière minute…

Un thriller qui va loin dans l’horreur et qui nous tient en apnée, nous dérange, voir nous fait suffoquer (j’ai du le poser à plusieurs reprises et lire du très léger en parallèle, moi qui déteste lire plusieurs livres à la fois). C’est un livre qui m’a un peu rappelé l’ambiance de « Au delà du Mal » de Shane Stevens.

Âmes sensibles s’abstenir….

 

 

http://liliba.canalblog.com/archives/2014/04/08/29605653.html

http://ennalit.canalblog.com/archives/2014/04/01/28556374.html

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Les Apparences – Gillian Flynn

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Nick et Amy se sont rencontrés à Manhattan et se sont aimés immédiatementpassionnément malgré leurs différences . Malheureusement la crise est passée par là et Nick, puis Amy ont perdu leur travail. Nick propose de quitter New York pour le Missouri, et de s’installer dans la ville où il a grandi. Il y reprend un bar avec sa soeur jumelle Margo et la très new yorkaise Amy le suit sans poser de problème .

Le jour de leur 5eme anniversaire de mariage, Nick rentre à la maison et la découvre sans dessus dessous. Il y a des traces de lutte et Amy a disparu…

Tout porte à croire qu’Amy est morte et que Nick est l’auteur du crime. L’opinion publique, aidée par les médias en font un coupable idéal…

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Dans ce récit où se mêlent la voix de Nick cherchant désespérément sa femme et celle d’Amy à travers on journal intime, les apparences sont au coeur de l’intrigue. Apparences de bonheur, mais le couple bat de l’aile. Apparences de meurtre, mais pas de  corps. Apparences de culpabilité mais preuves d’innocence…. Alors ???

J’avoue que je me suis complètement laissée embarquer par ce roman, ne sachant plus déterminer le vrai du faux. Je n’arrivais plus à le poser. Il faut dire qu’avec ce titre : Les Apparences, je passais mon temps à me demander si justement ces apparences étaient trompeuses ou non, et donc à changer d’avis sur les protagonistes…jusqu’au moment où j’ai finalement repéré l’indice qui m’a permis de comprendre.

Les personnages ne sont pas forcément très attachants (voir même parfois franchement détestables pour certains), mais l’intrigue est assez machiavélique. Il faut dire que nous avons la parole de Nick contre celle d’Amy qui n’est plus là. Et son journal intime  dévoile une vie conjugale loin de celle que Nick veut nous faire croire. En même temps, la personnalité  d’Amy est complexe. Ses parents en ont fait un personnage d’album pour enfants : L’Epatante Amy, et elle tente par tous les moyens d’être celle qu’ils décrivent…. Très new yorkaise, on a du mal à croire qu’elle puisse être heureuse dans le Missouri, sans travail et sans tout ce qui faisait sa vie avant. Bref, on devine assez rapidement les failles du couple.

J’avais découvert Gillian Flynn avec son roman : Les lieux sombres que j’avais déjà adoré. Elle revient ici avec un thriller psychologique plutôt réussi, même si je n’ai pas aimé, ou plutôt pas compris ce choix de fin. Un film est en cours de réalisation, mais j’avoue que connaissant maintenant le dénouement je ne sais pas si j’aurais envie d’aller le voir (quoi que, Nick sera joué par Ben Affleck 😉 )

http://liliba.canalblog.com/archives/2013/07/04/27563894.html