Pocket – 632 pages
La première fois que la Mort rencontre Liesel Meminger, c’est lorsqu’elle vient emporter l’âme de son petit frère qui n’a pas survécu à une vilaine toux alors qu’ils se rendaient dans une famille d’accueil près de Munich, leur mère cherchant à les protéger, nous apprendrons plus tard pourquoi. C’est également à ce moment qu’elle lui donnera le surnom de « La voleuse de livres », quand elle la surprend à dérober le livre du fossoyeur. Elle croisera encore deux fois son chemin, sans la prendre.
Liesel s’installe chez Hans et Rosa Hubermann….non sans difficultés d’adaptation. Ses nuits sont rythmées par un affreux cauchemar où elle voit encore et encore mourir son petit frère.
Nous sommes aux débuts de la deuxième Guerre Mondiale, et Liesel découvre les côtés sombres de l’Allemagne nazie auprès d’un ami aux cheveux citron qui rêve d’être Jesse Owen, d’un père nourricier accordéoniste porteur d’une promesse, d’un juif caché au sous sol, et d’une femme au coeur brisé.
J’ai beaucoup aimé ce roman. J’avoue que je l’avais depuis très longtemps dans ma bibliothèque et que tout le monde m’en disait énormément de bien. Justement… je me méfie toujours.
Le parti pris de choisir la Mort comme narratrice est plutôt étonnant. Mais nous découvrons ici une Mort très éloignée de ce dont nous avons l’habitude dans notre imaginaire. Pas de faux, pas de manteau noir, pas de squelette en guise de corps… cette Mort est plutôt bienveillante, prenant les âmes dans ses bras pour les aider à passer de l’autre côté en douceur. Une Mort qui en a assez de ces guerres, de ces massacres….
Etonnement elle nous dévoile dans les premières pages ce qu’il va se passer et qui elle va venir chercher…c’est un peu particulier.
Nous sommes aux côtés d’allemands qui n’ont pas choisi le nazisme, des gens ordinaires, des familles ordinaires, des résistants aussi à leur manière. On voit bien ainsi que le peuple allemand a pour beaucoup subit la situation et s’il n’a rien dit ou rien fait, c’est tout simplement qu’il n’en avait pas la possibilité, les conséquences sur lui, sur les familles auraient été trop graves. Comment les juger ??? Ils sont autant victimes finalement.
Par les yeux de Liesel, nous suivons l’Histoire dans l’histoire : la nuit de Cristal, les jeunesses hitlériennes, les files de prisonniers juifs conduits au camp de Dachau tout proche et tant d’autres choses encore…
Les personnages sont forts, extrêmement forts et touchants. Je m’y suis beaucoup attachée et ils font de ce roman une véritable réussite.
Liesel d’abord, qui ne comprend pas pourquoi elle est là, dont on se moque car elle ne sait pas lire, mais qui s’en donnera les moyens avec l’aide de son père nourricier, Hans qu’elle appelle désormais Papa. Toutes les nuits elle est réveillée par un terrible cauchemar et toutes les nuits Hans vient la réconforter et reste avec elle. Ensemble ils lisent, Liesel apprend….elle n’hésite pas à voler des livres pour cela, d’où le titre du roman . C’est un homme de parole et il n’hésitera pas à prendre le risque de cacher le fils d’un ami juif avec la complicité de sa femme Rosa. Risque d’autant plus important que son fils est lui même un nazi pur et dur, et que la Gestapo veille.
Rosa, sa mère nourricière, est d’apparence très dure avec elle, la frappant, l’insultant. Mais elle a un véritable coeur d’or. Ces deux là vont petit à petit s’apprivoiser et même si Hans reste le préféré de Liesel, un amour sincère les unit.
Il y a également Rudy, le voisin aux cheveux citron, le parfait petit aryen qui rêve d’être Jesse Owens et qui jure d’embrasser un jour Liesel. Il est son compagnon de jeu, son complice de vol, son ami .
Et puis Max, le boxer qui rêve d’affronter Hitler sur un ring, un juif caché au sous-sol qui lui fera le plus beau des cadeaux en lui écrivant un livre, repeignant en blanc des pages de Mein Kampf…
Il y a pour finir la femme du maire, et son impressionnante bibliothèque de livres ayant appartenu à son fils désormais disparu, qui cherche en Liesel un nouveau souffle.
Voilà, c’est un roman très intense où les émotions se bousculent, qui fait monter les larmes parfois, qui donne de l’espoir en l’être humain malgré tout. Un roman à la construction originale : courts chapitres, intervention de la Mort régulièrement comme un témoin des événements … Un roman qui s’adresse aussi bien aux adultes qu’aux adolescents et qui permet pour une fois d’être au coeur de l’Allemagne, cette Allemagne qui n’avait rien demandé, surtout pas d’être au coeur d’une guerre et d’un effroyable génocide.
Pour les amateurs, un film en a été tiré .
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